Le 1er juin, Isf a profité de son assemblée générale pour débattre sur le thème de l’accès à l’eau. Nous avions invité des intervenants de trois milieux différents afin de comparer leurs points de vue et partager avec nos membres.
- le secteur privé avec Frédéric QUINTIN, Project Manager and Water Technologies Departement Manager chez Veolia,
- l’entreprise à finalité sociale avec Claude LOMBART, Administrateur délégué de Altech
- le milieu des ONG avec Vincent VOLCKAERT, General Manager deProtos.
Le débat était modéré par notre Responsable eau, Paul VANDAMME.
1. Veolia est une grosse entreprise privée dont la finalité reste le profit mais grâce à sa fondation, elle donne plus d’accès à l’eau pour certains utilisateurs défavorisés. Elle cherche à diminuer son empreinte écologique par diverses actions innovatrices dans ses nombreux projets.
Frédéric Quintin soulignait qu’en Afrique, la problématique de l’eau se déplace vers celle de l’énergie car plus que l’eau c’est sa potabilité qui pose question.
En moyenne, le continent possède en effet beaucoup d’eau mais seul un faible pourcentage est potable. Diverses techniques de potabilisation existent telles la pression osmotique utilisée pour dessaler l’eau de mer ou la réutilisation des eaux polluées par les industries mais elles restent fortement énergivores.
2. Une entreprise à finalité sociale cherche aussi à faire un profit mais celui-ci est réinvesti dans des projets sociaux. Altech développe diverses techniques de potabilisation. Ses bénéfices sont réinjectés dans leur R&D ‘open source’ et dans les Pays en Voie de Développement avec un transfert de technologie. Ceci leur confère plus de liberté pour intervenir quand et où ils le veulent.
3. L’ONG PROTOS existe depuis plus de 40 ans. Elle est spécialisée dans l’accès à l’eau potable depuis 20 ans et travaille de plus en plus dans la gestion et l’organisation de l’ingénierie sociale en favorisant les partenariats entre les utilisateurs, les fournisseurs de services et les autorités locales.
Le représentant de l’ONG souligne la diversité des diagrammes de consommation entre les utilisateurs (familles, agriculteurs, … ), chacun ayant des besoins spécifiques en quantité, en utilisation, en potabilité, en coûts. Cette diversité ne permet pas l’émergence d’un modèle unique d’adduction.
Il insiste également sur son accessibilité rendue difficile par les conflits, l’exode rural, la pollution, la déforestation, le changement climatique, …
L’Administrateur d’Altech souligne l’importance de responsabiliser localement afin que les bénéficiaires puissent fournir un travail de qualité. Cette autonomie confère la qualité et la pérennité aux ressources. Il privilégie ainsi les bornes d’eau plutôt qu’un réseau qui induit inévitablement des fuites et conduit ainsi à un gaspillage. Il compare ces bornes aux grandes surfaces, nos points d’approvisionnement privilégiés en eau potable.
Les partenariats publics/privés ont la faveur de tous les intervenants.
Du côté belge, la Flandre favorise les consortiums pour bénéficier de l’expertise du secteur privé tandis que la Wallonie est plus orientée vers le modèle public/privé à la carte privilégié par Veolia.
Dans les Pays en Voie de Développement, avec un secteur privé fort (détenant l’expertise et soutenu par de gros bailleurs) face à un service public faible (manquant de ressources technologiques, de moyens financiers et juridiques), la solution ne serait-elle pas un achat de services de consultance :
- le privé amène son expertise
- le public garde sa gestion
La gestion de l’eau ne serait ainsi ni privée, ni publique mais plutôt mi-privée, mi-publique !
Ir Hülya ALTINOK