Circonstances
Dans le cadre de ses obligations en matière de responsabilité sociétale, le groupe minier AMBATOVY qui a produit 60000T de Nickel et 5000T de cobalt en 2014 (www.ambatovy.com) a conclu avec ISF-Madagascar un contrat d’étude dans un premier temps et de suivi-réalisation ensuite pour élaborer un plan de gestion des déchets de la ville de TOAMASINA (TAMATAVE), premier port malgache. La ville compte une population de l’ordre de 400000 habitants. Elle héberge outre des activités portuaires des activités industrielles. Le contrat signé en 2014 comporte deux phases, la première qui vise à recueillir les données essentielles pour dimensionner le dispositif de gestion et, bien entendu, pour chiffrer le budget et le coût de fonctionnement annuel du service.
Etat des lieux
Le service technique chargé de la collecte souffre d’un sous-équipement criant et son matériel roulant résiduel est à bout de souffle. Pour faire face à l’urgence, c-à-d les accumulations de centaines de m3 de déchets sur les axes routiers, périodiquement (1 à 2 fois par mois), la Ville sollicite l’appui des entreprises locales pour charger et évacuer les déchets vers une ancienne carrière de sable. Certains quartiers ont pris l’habitude de déposer les déchets ménagers à même la chaussée, réduisant la capacité de circulation. Un autre point noir est l’accumulation des déchets suite aux activités journalières des 8 grands bazars. La phase 1 de l’étude a estimé le volume journalier à 70T. Même ces dépôts étaient péniblement collectés par le service technique de la mairie.
La décharge municipale, sise à l’entrée de la ville près de la route d’Antananarivo est un ancien site d’extraction de sable mais noyé par la nappe phréatique peu profonde du fait de la proximité de l’océan. Du point de vue environnemental, la perméabilité des sables et le niveau de la nappe constituent des critères d’exclusion pour la fonction attribuée à cet endroit. Le pire est que les déchets industriels du type boues d’hydrocarbures et boues de peintures y sont constatés. A proximité, des logements susceptibles de consommer l’eau de la rivière qui longe l’ancienne zone d’extraction. La ville coincée entre l’océan et les collines s’est développée selon un axe nord-sud peu pourvu de routes capables d’absorber le trafic urbain et de transit. Rappelons que la ville est stratégique dans l’économie malgache. La topographie plate de TAOMASINA permet d’envisager des transports lourds, à l’inverse de FIANARANTSOA.
Proposition
La proportion des déchets organiques dans les échantillons collectés atteint 95% et suggère d’emblée de retenir un processus de compostage d’abord pour éviter de saturer trop vite un CET (Centre d’enfouissement technique). Les masses journalières sont estimées entre 145 et 170T, volume journalier compris entre 410 et 485 m3.
Les masses et volumes en jeu ainsi que la planéité de la ville permettent de proposer un usage de conteneurs remplis par les usagers. Concrètement aux endroits retenus par les chefs de Fokontanys (quartiers), stationnent des conteneurs qui sont évacués à heure et à temps vers une plate-forme de tri et de compostage. L’expérience de FIANARANTSAO montre que le tri doit être fait à la source, c-à-d au moment du remplissage du conteneur. La population de FIANAR a très rapidement accepté cette disposition, encouragée et guidée par des préposés donnant les consignes idoines. Cette formule du pré remplissage par rapport au remplissage soit manuel, soit mécanique permet un gain de temps dans la rotation des camions-porte-conteneurs. On doit augmenter le nombre de conteneurs mais on diminue le nombre de camions, très coûteux en investissement. L’étude a retenu des conteneurs de 15 m3 (au moins pour les bazars) et les chronométrages des rotations ont permis d’estimer par camion 7 rotations journalières mais à condition de créer deux plates-formes de compostage, une à chaque extrémité de la ville (on évite au charroi d’aggraver les engorgements des chaussées). Le processus de compostage demande deux sites de 3 ha chacun, 1 ha pour le compostage, 1 ha pour les voies de circulation, emprises locaux techniques et sociaux, hangar de maturation du compost et encore 1 ha pour l’épuration des lixiviats (technique des marais reconstitués) avant rejet dans l’environnement. N’oublions pas que la pluviosité locale annuelle atteint 2700 mm. Les retournements des andains seront manuels pour alléger les investissements mais surtout offrir de l’emploi aux moins qualifiés.
L’étude n’a pas évalué le mode de collecte approprié à la périphérie de la ville. Il est probable que ces populations génèrent moins de déchets et que la densité à l’ha doit être moindre. Un conteneur de 10 m3 est encore trop volumineux, pourtant il doit être évacué au terme de 48h pour éviter une putréfaction des déchets organiques rendant impossible le compostage.
La masse des déchets ultimes à déposer annuellement en CET est comprise entre 6000 et 7000 m3 compactés. Si le CET est implanté à côté d’une des deux plates-formes de compostages, un camion est suffisant pour le transport des déchets ultimes venant des deux plates-formes. La nature sableuse et la proximité de la nappe imposent une géomembrane sous le CET et également un revêtement étanche des plates-formes de compostage.
Estimation investissement et fonctionnement
Sans les droits d’importation et sans l’achat des terrains nécessaires aux plates-formes et CET, un budget d’investissement de 2,1 millions € est nécessaire et le coût de fonctionnement annuel voisine les 750000€.